LIBAN : La répression ne passera pas!

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Beyrouth, le 25 août 2015
mis à jour le : 22 Août, 2019

Pour le cinquième jour consécutif, le mouvement populaire libanais se poursuit sur la base des problèmes socio-économiques, et son nouveau slogan, « Nous voulons la justice, nous voulons le changement », est devenu plus ciblé, surtout à la suite de la répression sauvage subie, le dimanche soir, par les manifestants qui s’étaient regroupés, par dizaines de milliers, Place Riad Solh, près du parlement et du Conseil des ministres.
La répression, injustifiée et injustifiable puisqu’elle porte atteinte aux droits d’expression les plus élémentaires, eut lieu en marge d’une campagne politique et médiatique tenue par les représentants de la classe politique libanaise dans son intégralité, tant le groupe dit du « 8 mars » (proche des régimes irano-syriens) que celui dit du « 14 mars » (proche des Etats-Unis et de la réaction arabe, dont l’Arabie saoudite, en particulier). Cette campagne visait à faire peur aux manifestants en soulignant, tantôt, le danger du slogan visant à mettre fin au régime politique basé sur des quotas confessionnels, tantôt, le danger représenté par « une cinquième colonne » qui se serait glissée dans les rangs des manifestants. Et, comme ces derniers n’avaient pas pris en considération les prétendus dangers, et afin de récupérer celles et ceux qui sont sortis des rangs confessionnels, la répression fut terrible : des centaines de bombes lacrymogènes, des pierres, des matraques, des balles en caoutchouc et, même, des balles… Ainsi, le centre-ville s’est transformé en lieu de poursuites de la part des forces militaires contre des manifestants pacifiques qui ont refusé de quitter la Place Riad Solh. Le résultat : des centaines de blessés, dont certains dans le coma, quelques-uns ont perdu un œil et beaucoup se sont évanouis à cause des gaz toxiques ; sans oublier les nombreux détenus et « passibles de poursuites ».
Les représentants de la bourgeoisie libanaise et du régime politique confessionnel ont, une fois de plus, démontré qu’ils n’ont rien compris aux leçons de l’Histoire. Ils ont aussi démontré qu’ils sont toujours prêts à sacrifier la patrie et le peuple au service de leurs intérêts, dont, à titre d’exemple, l’accord qui vient d’avoir lieu sur le projet de passer à des sociétés, patronnées par eux, l’exécution du projet des déchèteries (à des prix exorbitants)… et, ce, malgré que la revendication majeur du mouvement populaire était d’en rendre la responsabilité aux municipalités dans un contexte écologique et social bien précis. Un autre exemple d’incompréhension concerne la construction, sous le couvert de la nuit du dimanche au lundi, d’un mur de séparation entre le palais gouvernemental et la Place Riad Solh, rappelant le mur de la honte construit par Israël.
Malgré tout, le mouvement populaire n’a pas lâché prise. Il se poursuit sur les mêmes bases sociales et économiques. De plus, et c’est là le plus important, il s’enrichit, chaque jour, de nouveaux participants, provenant des syndicats ouvriers, des enseignants, des associations de femmes… Même les syndicats des personnes handicapées physiquement ont répondu « présents » à l’appel.
Ce mouvement doit être soutenu par tous. Des mouvements de condamnation de la répression gouvernementale seront les bienvenus.
Bougeons!

Marie Nassif-Debs

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