Face au maire fasciste de Béziers, de l’irresponsabilité
au sursaut républicain
Communiqué de l' ANPROMEVO
Face au maire fasciste de Béziers, de
l’irresponsabilité au sursaut républicain
La puissance publique se définit comme
un ensemble de moyens mis à la disposition de l’État
pour assurer la sûreté de son territoire, la sécurité
de ses citoyens ainsi que l' application des lois et règlements.
Le 5 décembre dernier, en ouverture de la
cérémonie officielle d’hommage aux Morts pour
la France de la guerre d’Algérie, le maire de Béziers,
Robert Ménard, avait, dans une allocution dont la violence
sembla déconcerter le sous-préfet présent,
annoncé qu' il débaptiserait la rue du 19 mars
1962 pour lui donner le nom du commandant Hélie Denoix de
Saint Marc. Le 11 décembre, il faisait voter une délibération
en ce sens par le conseil municipal. Le 14 mars suivant, hier, il
dévoilait, à l’entrée de cette rue, une
plaque comportant un libellé différent de celui adopté
trois mois plus tôt :
Le représentant de l’État dans
le département a été averti de tous ces éléments :
discours révisionniste, délibération légalement
contestable, inauguration avec discours potentiellement attentatoire
aux principes et valeurs de la République. Il l’a été
en temps utile : utile à la protection de la puissance
publique face à une menace autrement plus sérieuse
que celle d’un humoriste interdit de spectacle pour risques
de grossièretés antisémites. Plus sérieuse
parce qu' émanant d’un élu auquel la qualité
de premier magistrat municipal ne saurait être reconnue sans
faire, en l’occurrence, injure à notre justice. Plus
grave, aussi, en raison du déclenchement entre-temps, sur
l’ensemble du territoire, d’un plan Vigipirate à
son niveau supérieur.
Aucune mesure préventive n’a toutefois
été mise en œuvre, et l’autorité
de l’État s’en est trouvée affaiblie :
déni de la loi du 6 décembre 2012 relative à
la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir
et de recueillement à la mémoire des victimes civiles
et militaires de la guerre d' Algérie ; laissez-faire
au regard d’un projet d’éloge public d’un
officier militaire - putschiste - ayant trahi la République
au moment même où l’on attendait de lui l’obéissance
à un Gouvernement légal et à une autorité
légitime.
Cette stratégie a permis, hier, à
Robert Ménard de tenir - et diffuser dans le même temps
sur le site Internet de la ville de Béziers - un discours
(cf. infra, sa reproduction intégrale) allant largement au-delà
de la réécriture de l’histoire, de l’apologie
du terrorisme de l’OAS et de la propagande nationaliste. En
effet, les limites de la xénophobie et du racisme ont été
franchies, comme l’illustrent les extraits ci- après,
au point de rendre le maire de Béziers passible a priori
de sanctions administratives et, plus sûrement, de poursuites
pénales au regard des textes qui encadrent la liberté
d’expression :
- « […] alors qu' on obligeait
un million de Français à quitter leur Algérie
natale, on ouvrait la France - quasi simultanément - à
des millions d’immigrés bien décidés
pour certains à ne jamais se sentir, à ne jamais devenir
des Français à part entière. » ;
- « Colonisation de peuplement, disait-on
de la présence française en Algérie. Il faut
parler aujourd’hui, en France, d’immigration de peuplement,
d’immigration de remplacement. » ;
- « Il y a 50 ans, je m’en souviens,
vous vous en souvenez, nous tapions sur des casseroles en scandant
« Algérie française ». Il faudrait aujourd’hui,
avec la même ardeur, avec la même détermination,
dire non à cette France métissée qu' on
nous promet, qu' on nous annonce, qu' on nous vante. ».
La loi s’appliquera-t-elle enfin à
l’encontre de ce maire que son programme politique, axée
sur la propagande, s’appuyant sur la valorisation des armes
et comportant même la justification de leur utilisation contre
la République, apparente à un authentique fasciste ?
On peut l’espérer en considération
de l’esprit républicain retrouvé avec les interventions,
au cours de la journée d’hier, du Gouvernement à
ses plus hauts niveaux, venu in extremis conforter les opposants
à la cérémonie appelée par Robert Ménard.
Ainsi, réprouvant cette initiative, le Premier
ministre a-t-il affirmé que "la nostalgie, et notamment
la nostalgie de l' Algérie française, n' apportera
rien de bon", le porte-parole du gouvernement déclarant
quant à lui : « Avec Denoix de Saint Marc,
Ménard et FN montrent leur visage : réécrire
l' Histoire, mépriser la mémoire et s' en prendre
à la République. Face à ceux qui cherchent
à raviver les plaies du passé pour nous diviser, plus
que jamais, le devoir de rassemblement s' impose. ».
Dans un communiqué national intitulé "Le maire
de Béziers, soutenu par le FN, porte atteinte à la
République", le Parti socialiste avait, de son côté,
dit presque dans le même temps s’associer aux initiatives
se déroulant ce samedi à Béziers contre la
décision de M. Ménard.
Ces positionnements ont été obtenus
grâce l’engagement et à la mobilisation, dans
l’unité pour la République, d’associations
nationales, régionales et locales, représentatives
du monde combattant, des victimes de l’OAS, des rapatriés,
des valeurs humaines et citoyennes ainsi que d’organisations
syndicales et de formations politiques qui, dès l’origine,
ont su voir dans l’infâme projet de Robert Ménard
tant une menace au regard de l’ordre public qu' un risque
de retour à la guerre, celle des mémoires, entre la
France et elle-même.
Ces déclarations ont été rendues
possibles par le recueil de plus de trois mille signatures sur une
pétition électronique en faveur de la sauvegarde de
la rue du 19 mars 1962 à Béziers cf. : http://www.petitions24.net/signatures/sauvons_le_nom_de_la_rue_du_19_mars_1962_de_beziers/start/3640).
La publication de ces communiqués gouvernementaux
a été l’heureux point d’orgue d’un
contre-rassemblement auquel le président de la FNACA de Paris,
empêché à la dernière minute, a dû
mandater l’un de ses membres. Face à moins d’un
millier et demi de revanchards de l’Algérie française,
d’anciens criminels de l’OAS et d’identitaires
de la Ligue du Midi, ce sont quelque 600 participants, parmi lesquels
des parlementaires, anciens ou en activité, qui ont exprimé
de vive voix leur opposition résolue à la ligne de
conduite fascisante tracée par Robert Ménard dans
les rues de Béziers.
Dans ce contexte de sursaut républicain
à la tête de l’État et du parti de gouvernement
majoritaire, l’on se prend à espérer, outre
la mise en œuvre de procédures de sanction à
l’encontre du maire de Béziers, la présence,
le jeudi 19 mars, du Premier ministre devant le Mémorial
national des Morts pour la France en AFN quai Branly à Paris
et celle du Président de la République lors du ravivage
de la Flamme du Souvenir sous l’Arc de Triomphe.
Dans l’immédiat, tournons nos pensées
vers les six victimes du massacre collectif perpétré,
il y a tout juste cinquante-trois ans, à l’intérieur
du siège des Centres sociaux éducatifs créés
à Alger par la résistante et déportée
Germaine Tillion. Sachons nous rappeler que ces six serviteurs de
l’éducation et de la culture française ont été
assassinés par un commando de déserteurs issus du
même régiment qu' Hélie Denoix de Saint
Marc, à la mémoire de qui le maire de Béziers
a osé dédier une rue le présentant comme un
héros français.
Jean-François Gavoury
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