après le CCN de la CGT poursuivre et amplifier notre action !

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mis à jour le : 3 Février, 2021

1- où en sommes-nous ?

Pour faire la clarté sur les pratiques pourtant avérées de certains dirigeants confédéraux et avant que les intéressés ne prennent la décision de se démettre il aura fallu presque 3 mois de bataille dans la CGT.

Tout cela a été vécu comme quelque chose d’indigne et totalement étranger à ce que sont les valeurs défendues par nombre d’adhérents de la CGT. Indifférents au préjudice qu' ils ont causé à toute la CGT, comme aux intérêts des travailleurs aucun d’entre eux ne sauraient être exonérés de la responsabilité qu' ils portent.

Si certains dirigeants de la CGT ont perdu toute crédibilité, il faut savoir en tirer les conséquences. Dans les choix qui seront fait pour élire un secrétaire général, un administrateur et un bureau confédéral il convient d’en tenir compte ! Cela concerne entre autre ceux qui ont soutenu jusqu' au bout la faillite du secrétaire général démissionnaire ! Il ne saurait y avoir de cooptation, de népotisme, et d’arrangements de sommet entre quelques uns. Il faut dorénavant une transparence qui écarte toute démarche de sommet qui exclut les syndicats.

A l’égard de ceux qui prétendent aux responsabilités il faut généraliser la consultation des commissions exécutive de Fédérations, d’Unions départementales, d’Unions régionales, d’unions locales de syndicats ! Toutes n’ont pas été réunit avant le CCN du 13 janvier2015. Pour surmonter cette épreuve ce qui va compter c’est la capacité de la CGT à impliquer le plus grand nombre.

Voilà en autre pourquoi il faut un Congrès confédéral en 2015. Un congrès qui se prépare de façon extraordinaire dans la transparence. Un congrès qui soit démocratiquement l’affaire des syndicats. Une tribune de discussion peut contribuer dès à présent.

Nous n’en sommes pas là ! Il en est ainsi parce que cela touche aux orientations aux positionnements et axes revendicatifs actuels de la CGT autant qu' à ses méthodes de direction ! Or tout est fait pour qu' on ne discute ni de l’un ni de l’autre car les deux sont devenus depuis de nombreuses années les domaines réservés d’une « coterie » !

Voilà pourquoi toute la CGT doit être invité à réfléchir sur les causes véritables qui ont conduit à cette situation. Il faut impérativement l’assainir et faire un véritable état des lieux!

Il s’agit de rétablir la confiance dans toute la CGT ! On le doit à l’ensemble des syndiqués, aux militants, tout particulièrement ceux des entreprises, on le doit ensuite aux travailleurs qui légitimement se posent des questions sur la CGT ! Le groupes de travail mis en place le permettra-t- il ? Nous le verrons bien !

2- Ce qui n’est plus possible dans la CGT !

Or cette « coterie » par des manœuvres grossières, des menaces, du chantage, des calomnies, et même le détournement des mandats confiés à des membres du CCN ! cherche à confisquer de fait la direction de la Confédération au mépris des organes démocratiquement élus ! Ils le font dans l’ignorance des militants et syndiqués. Les membres de ce « cabinet de l’ombre » poursuivent leur travail en faveur d’un recentrage de la CGT. A leurs yeux « la fin justifie les moyens » !

Aujourd’hui après s’être résignés ils abandonnent un secrétaire général, pour se servir d’un autre demain ! Il est impératif que la nouvelle direction qui sera élu prenne conscience de cette situation et décide des mesures qui s’imposent afin d’opérer une rupture avec des pratiques qui déshonorent la CGT.

En fait toute la CGT doit relever ce défi !

Ces 15 dernières années elle a connu une dégradation continue de sa vie interne également illustrée a travers le carriérisme, la professionnalisation, la délégation de pouvoir, l’institutionnalisation, traits que l’on retrouve dans la conception et la vision du modèle syndical européen.

Ces comportements tournent le dos au dévouement qui caractérise une pratique militante. Ils ont pour but de se servir de la CGT afin de protéger des intérêts personnels comme ceux de forces étrangères au syndicalisme. C’est inacceptable ! Ne rien dire serait s’accommoder au fond de cette façon d’être, de cette façon de faire. Si cela devait se poursuivre on peut deviner ce qu' en seraient les conséquences ! « Le poisson pourrit toujours par la tête » comme le souligne le proverbe chinois !

3- Il faut rétablir une conception militante !

Voilà pourquoi nous devons contribuer à la mise en œuvre d’une conception de militants auteurs acteurs et décideurs, encourager à tous les niveaux la prise de responsabilité, l’esprit d’initiative et faire vivre démocratie syndicale et ouvrière.

Cela suppose de bannir toutes formes de « déresponsabilisation », comme le refus de s’exprimer et de décider qui constituent des comportements qui avec le temps sont devenus une règle pour certains dirigeants. Soyons franc avec nous-mêmes n’avons nous pas assister à cela dans certains votes et débats de la Commission exécutive confédérale comme du CCN. N’ont ils pas été le reflet d’une certaine peur du vide qui touche à la recherche d’un homme providentiel. Pourtant nous sommes et avons toujours été à la CGT contre la délégation de pouvoir, toutes les formes de présidentialisation d’une fonction comme aux clans qu' elle suscite.

En fait si la CGT a besoin d’un secrétaire général ce dernier doit être moins général et beaucoup plus secrétaire, être un véritable animateur du travail collectif avec tous et toutes en tenant compte des sensibilités et des expériences.

C’est urgent et ne saurait être différé car la CGT s’est réfugiée dans une sorte de formalisme/unanimisme qui au fond n’est rien d’autre que ce qu' hier certains reprochaient à d’autres !

Ainsi par exemple la « politique de cadres » de la Confédération a été confiée à un « groupe » qui par sa vision a fini par encourager les clivages, les clans, les courtisans en écartant ceux qui ne défendent pas le point de vue de la direction. On y privilégie les courbes de carrière, et il existe maintenant des DRH à la CGT, des chefs de cabinet et même un Directeur de l’administration. On croit rêver !
Les voix différentes sont depuis des années systématiquement écartées, pourtant il s’agit de militants d’expérience. La CGT en a un grand besoin d’autant qu' elle est justement confrontée à un problème d’unité et de cohésion. Ne pas en tenir compte dans le choix des futurs dirigeants de la CGT, pire le nier ou l’ignorer serait catastrophique pour son avenir ! Les syndicats qui sont à la base de la structuration de la CGT doivent exiger d’autres règles et critères pour construire la future direction confédérale!
La CGT a non seulement vu régresser ses programmes de formation syndicale en quantité mais par-dessus tout en qualité à travers ce qui concerne leurs contenus pour s’aligner sur les normes du syndicalisme d’accompagnement et une vision du monde sans contradictions. Son expression, sa presse ne sont plus que l’ombre de ce qu' elle était. La recherche dans le domaine de la collaboration syndicalistes/universitaires dont elle était si fière a été progressivement abandonnée. A quelques exceptions près la CGT a cédé à l’imagerie et aux idées qui sont dans l’air du temps !
Cela d’autant qu' aux cadres syndicaux d’origine ouvrière ayant fait l’expérience de la lutte de classes à l’entreprise, puis dans d’autres structures syndicales professionnelles et interprofessionnelles ont succédé des responsables dont la trajectoire est bien différente. L’origine scolaire, professionnelle et une expérience militante assez récente pour ne pas dire pire pour des candidatures envisagées est étroitement associée à une vision qui privilégie dialogue social en France et en Europe, partage, répartition des richesses, environnement, une vision du monde droits de l’hommiste nord-sud curieusement jamais solidaire en Europe. On voyage plus facilement à Bruxelles qu' à Athènes.
Pour faire bonne mesure et trouver les inspirations nécessaires on a vu ces dernières années fleurir les “think tank” comme le « Forum Syndical Européen », « Lasaire », « Dialogues » « Confrontations » . Aux cotés de militants et d’anciens dirigeants de la CGT et de la CFDT on y dialogue avec des chefs d’entreprise “sur les risques de radicalisation du mouvement social”. En toute « indépendance » les entreprises, les institutions européennes, participent au financement de ces « clubs de réflexions »!
Voilà ce qu' il faut changer, prendre la parole, « mettre les pieds dans le plat » et décider de manière indépendante à partir de ce qu' est la CGT et non pas de ce que l’on veut qu' elle soit, de surcroit à marche forcée!.
Ayant délaissé la réflexion sur les rapports de classe et sur l’organisation de la lutte par ceux-là mêmes qui subissent la domination du Capital, la CGT a ainsi et de ce fait progressivement subordonnée son action aux positions dominantes du syndicalisme européen ! Une vision du syndicalisme qui est celui de l’échec et qui se range du côté de l'idéologie dominante, et l'idéologie dominante, "c'est l'idéologie de la classe dominante".

Il est pour le moins étonnant que de nombreux medias aient évoqué une prétendue radicalité de la direction de la CGT et de son Ex-secrétaire général quand le conformisme dont ils ont fait preuve est aujourd’hui justement critiqué par de nombreuses organisations et militants.

Il faut plutôt entendre les forces vives de la CGT, celles qui démocratiquement se sont réunies dans des centaines d’assemblées générales et qui ont fait monter une série d’exigences que l’on peut résumer de la manière suivante : «  la CGT doit changer, changer vraiment » !

Cette action engagé et soutenu avec succès à travers l’Appel « défendons la CGT », doit impérativement se poursuivre et s’amplifier sur les objectifs qu' il s’est fixé, notamment s’agissant d’un Congrès Confédéral avant la fin 2015 préparé dans des conditions exceptionnelles avec les syndiqués !

La CGT est à la croisée des chemins, elle doit faire des choix, « il n’y a que les batailles que l’on ne mène pas que l’on ne gagne pas » ! Voilà pourquoi et en priorité il faut prendre le chemin de la lutte contre les politiques malfaisantes du capital en France, en Europe et dans le monde, se doter d’une démocratie vivante impliquant tous et toutes, revenir à des principes, et à ce pourquoi la CGT existe depuis 120 ans ! Autant d’objectifs dont elle n’aurait jamais dû s’écarter !

Jean-Pierre Page

Ancien membre de la Commission exécutive confédérale de la CGT

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