Salvador : le candidat de la gauche, Mauricio Funes, élu
président
Son élection met fin à vingt années
d’hégémonie de la droite dans ce petit pays d’Amérique
centrale.
"Je suis le président élu de tous les Salvadoriens",
a déclaré le candidat de l’ex-rébellion armée
du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN), vaincue
en 1992, grâce à l’appui de Washington, après une
guerre civile de douze ans qui a fait 75.000 morts.
Selon des résultats quasi-définitifs - 92% des bulletins dépouillés
-, cet ancien journaliste vedette de la télévision, âgé
de 49 ans, l’emporte avec 51,2% des voix, contre 48,7% au candidat du
parti conservateur au pouvoir, Rodrigo Avila, qui a reconnu sa défaite.Mauricio
Funes s’est présenté comme "le vrai président
de la vraie reconstruction du pays, qui commence par la reconstruction des personnes".
Il succède à Elias Antonio Saca, qui ne pouvait pas se représenter
car la Constitution interdit de faire deux mandats successifs.
Son élection a été célébrée
par des milliers de ses partisans, surtout des jeunes, dans les rues des grandes
villes de ce pays d’un peu moins de 6 millions d’habitants.
"Le Salvador est à l’aube d’une nouvelle ère
de changement", a déclaré un tribun sous les applaudissements
de la foule vêtue de rouge, la couleur du parti de M. Funes, lors d’un
rassemblement organisé à quelques encablures de la résidence
présidentielle.
Le président vénézuélien de gauche
Hugo Chavez, qui se veut le chef de file de la gauche radicale latino-américaine,
a salué la victoire "incontestable du courageux journaliste Mauricio
Funes", qui "consolide la vague de fond historique qui s’est
levée dans toute l’Amérique latine et dans les Caraïbes
dans cette première décennie du XXIe siècle."
Des parlementaires américains avaient évoqué
des "menaces potentielles" pour les "intérêts de
sécurité nationale" dans le cas d’une victoire de l’ancienne
rébellion, mais le responsable du Département d’Etat pour
l’Amérique latine, Tom Shannon, avait annoncé que Washington
respecterait le résultat du scrutin et travaillerait avec le vainqueur,
quel qu' il soit. Depuis l’intervention décisive de Washington
contre la guérilla, le Salvador est "américanisé",
avec une économie "dollarisée" au sens propre du terme,
puisque le billet vert est la monnaie nationale.
Le Salvador, qui vient de rapatrier d’Irak son contingent de 200 militaires,
a aussi été le seul pays d’Amérique latine à
y être resté jusqu' à la fin du mandat de l’ONU,
le 31 décembre.
M. Fuentes sera investi à la présidence le 1er
juin prochain. Il ne pourra pas gouverner seul car le FMLN n’a pas la
majorité absolue au parlement malgré sa victoire aux législatives
de janvier. Il devra donc composer en nouant des alliances avec les partis minoritaires,
comme le faisait déjà M. Saca.
Funes, le journaliste qui a effacé 20 ans de pouvoir
de droite
Carlos Mauricio Funes, fort d’une popularité acquise
comme journaliste vedette comme journaliste de la chaîne de télévision
américaine CNN en espagnol, a détrôné dimanche la
droite au pouvoir au Salvador depuis 20 ans.Cet homme de 49 ans portait dans
ce scrutin les couleurs de l’ancienne rébellion du Front Farabundo
Marti pour la libération nationale (FMLN). En 1992, le gouvernement conservateur
du Salvador n’en était venu à bout qu' avec l’aide
des Etats-Unis.
Pendant la guerre civile déclenchée en 1980 qui allait faire 75.000
morts jusqu' en 1992, dont son frère aîné Roberto,
tué par la police, il avait bravé le gouvernement conservateur
en interviewant ses ennemis, les dirigeants du FMLN, dont il allait rejoindre
les rangs plus tard.
Funes, qui se définit comme un homme à la "pensée
de gauche", a été élu avec comme vice-président
l’ex-commandant Salvador Sanchez Ceren, 64 ans, un ancien enseignant devenu
aussi un des chefs militaires historiques de la guérilla, avant d’en
diriger la branche législative.
Mauricio Funes, né le 18 octobre 1959, a épousé en secondes
noces Wanda Pignato, militante brésilienne du Parti des travailleurs
du Brésil pour l’Amérique centrale, et il est père
de cinq enfants. L’un d’eux, Alejandro, a été assassiné
en octobre 2007 à Paris, où il étudiait la photographie.
Source : http://www.humanite.fr/Salvador-le-candidat-de-la-gauche-Mauricio-Funes-elu-president
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