La population du Honduras soutient Zelaya pour la tenue du référendum
NO T R E A M E R I Q U E
La Havane. 26 Juin 2009
TEGUCIGALPA, 25 juin.-
«Personne ne pourra empêcher la tenue du référendum
de dimanche», a déclaré le
président du Honduras, Manuel Zelaya, alors qu' il faisait son entrée
accompagné d’une foule nombreuse au siège des Forces aériennes
pour «récupérer» les urnes et autres documents nécessaires
à la tenue du référendum de dimanche. Ce matériel
électoral avait auparavant été saisi par les militaires.
Selon l’agence EFE, Zelaya était très secoué
par les événements, et il pleuvait abondamment à l’extérieur.
«On veut nous empêcher de consulter la population, on veut l’empêcher
de s’exprimer, de donner son opinion, de participer au processus en cours,
bref, on ne veut pas de démocratie au Honduras», a souligné
le chef d’Etat.
L’agence AFP, pour sa part, précise que le président
et plusieurs centaines de ses partisans ont eux-mêmes fait sauté
les verrous et ont pénétré dans la base aérienne
Acosta Mejia, située tout près de l’aéroport Toncontin
de la capitale. Puis ils ont chargé les boîtes contenant le précieux
matériel dans des camions qui attendaient expressément. Zelaya
a ensuite déclaré qu' il se rendait immédiatement
au Palais présidentiel pour mettre la dernière main aux préparatifs
du référendum.
Quelques heures auparavant, le président hondurien
avait lancé un appel à ses partisans à manifester publiquement
leur soutien. Aussitôt des milliers de personnes s’étaient
rassemblées, jeudi, vers midi, devant le Palais présidentiel,
et les images transmises par la télévision montraient clairement
une foule compacte bien décidée à défendre son gouvernement.
C’est alors que Zelaya a pris la tête de ce qu' il a qualifié
de «mission destinée à préserver l’Etat de
droit»: récupérer les urnes et les listes électorales.
A noter que la Cour suprême de Justice, dans un geste
de défi, avait décidé de restituer dans ses fonctions le
général Romeo Vasquez, chef de l’Etat-major conjoint, moins
de 24 heures après que Zelaya l’eût destitué, les
forces armées ayant refusé de distribuer le matériel nécessaire
à la tenue du référendum. Le président entend consulter
la population au sujet de la mise sur pied d’une Assemblée constituante
chargée de réformer la Constitution du pays. Selon AFP, le Congrès
a également rejeté la tenue d’un tel référendum.
«Nous voulons légitimer l’autorité
du pouvoir exécutif. (…) La Cour (suprême) s’est rangée
du côté de certains groupes de pouvoir, contre la population»,
a déclaré Zelaya à la foule réunie devant le palais
présidentiel.
Au cours de ce bref rassemblement, où les manifestants
ont entonné l’hymne national, le président a exhorté
ses partisans à faire en sorte que «la démocratie ne soit
pas l’affaire d’une minorité. Nous devons lutter sans relâche,
a-t-il dit, pour atteindre ce haut niveau de démocratie que nous visons».
La Constitution du Honduras date de 1982. Elle renferme, selon
Prensa latina, 7 articles dits «de pierre», car ils ne peuvent être
amendés. Ces articles concernent, entre autres, la façon de gouverner
le pays, le territoire national et la durée du mandat présidentiel.
Selon le président Zelaya, il est impossible, dans
le cadre de la Constitution actuelle, de mener de profondes transformations
sociales. Or, il est nécessaire, selon lui, de mettre fin à la
misère et aux inégalités. Au Honduras, sept personnes sur
dix vivent dans des conditions de pauvreté ou d’extrême pauvreté.
Le référendum, s’il passe, permettra l’instauration
d’une quatrième urne lors des élections générales
du mois de novembre prochain, où les électeurs seront appelés
à se prononcer sur une Assemblée constituante.
Les représentants des groupes autochtones et des différents
secteurs de la population, paysans, syndicalistes et autres groupes sociaux,
ont tous dénoncé cette tentative de coup d’Etat. Ce danger
est d’autant plus grave qu' à la suite de la destitution de
Vazquez, les chefs des trois armées, marine, aviation et forces terrestres,
de même que le ministre de la Défense, Edmund Orellana, ont démissionné
en bloc par mesure de solidarité avec le général destitué.
Le Conseil civique des organisations populaires et des
peuples autochtones du Honduras (COPINH) a dénoncé, dans un communiqué,
cette tentative de coup d’Etat. «Il
s’agit, peut-on lire, d’une réaction désespérée
de la droite et des forces qui lui sont alliées pour empêcher population
de s’exprimer et de trouver de nouvelles voies démocratiques pour
transformer le pays.»
Selon Prensa latina, ce mouvement putschiste a débuté
trois jours après que le président eût annoncé la
tenue d’un référendum, en accord avec les leaders populaires,
les paysans, les intellectuels et les forces de gauche du pays. Aussitôt
les représentants de l’oligarchie, les milieux d’affaires
et le haut clergé avaient manifesté leur désaccord. D’autres
sources affirment que le Tribunal suprême électoral, l’appareil
judiciaire, la Cour suprême de justice et le Parlement s’opposent
également à la tenue d’un référendum, de même
que les couches les mieux nanties de la population. Zelaya a, de son côté,
dénoncé cette manœuvre.
Le Honduras a demandé à l’OEA qu' elle
se penche, en toute urgence, sur la situation que vit le pays. Selon l’agence
EFE, une réunion extraordinaire du Conseil permanent de l’OEA devrait,
dans les heures qui viennent, débattre de la question.
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