Honduras : deux militants de gauche assassinés
Tegucigalpa . Tandis que le premier round de dialogue entre
le président Zelaya et les putschistes s’est soldé par un
échec, les opposants sont réprimés.
journalistes contraints de quitter le pays
Quoi qu' il en soit, la situation n’est pas de nature
à rassurer. Samedi, deux militants du parti Unification démocratique
(UD), la seule formation de gauche hondurienne, ont été assassinés
dans le nord et l’ouest du pays. Responsable de l’ancien syndicat
des travailleurs du textile, Roger Bados, qui était également
membre du Bloque Popular, coalition regroupant près de 30 organisations
sociales, a été tué à son domicile. Ramon Garcia,
qui participait activement aux manifestations contre le coup d’État,
a été exécuté par un groupe d’inconnus. «
J’appelle à dénoncer le fait que mon nom figure sur la liste
des personnes à arrêter par l’armée et que des ordres
ont été donnés pour m’abattre si je résiste
», a pour sa part dénoncé le docteur Luther Castillo, directeur
d’un hôpital du nord-est du pays construit par le gouvernement de
Manuel Zelaya, avec l’aide de Cuba, dans le cadre des partenariats de
coopération. Depuis le coup de force du 28 juin, il coordonne les mouvements
sociaux de résistance. Ces deux assassinats ciblés et autres avertissements
dissuasifs sont difficilement imputables à la pure coïncidence.
D’autant que les opposants ne sont pas les seuls visés. Les équipes
de Telesur (chaîne câblée latino-américaine) et de
la chaîne publique vénézuélienne, Venezolana de Television
(VTV), ont été contraintes de quitter le pays après avoir
été une nouvelle fois arrêtées « par des membres
de la force publique (…) fortement armés qui portaient des passe-montagnes
et menaçaient leur vie », a rapporté le président
de Telesur, Andrés Izarra. Il va sans dire que ces équipes prenaient
le parfait contre-pied de la version officielle des événements.
Trop subversifs au goût des autorités de facto, qui contrôlent
également les médias. Un responsable du gouvernement putschiste
a déclaré à l’AFP que les équipes vénézuéliennes
auraient fait l’objet d’un simple contrôle de routine des
services de l’immigration ! Ce que conteste la commission interaméricaine
des droits de l’homme, qui précise : « Ces faits (se sont
produits) dans un contexte de graves violations de la liberté d’expression.
»
En dépit des menaces, une nouvelle manifestation contre
le coup d’État devait se dérouler hier à Tegucigalpa,
la capitale. Le Front national de résistance, réuni lundi en assemblée
plénière, a appelé à intensifier les actions en
faveur du retour à la démocratie. Façon de maintenir la
pression après un premier round de dialogue infructueux entre le gouvernement
légitime et les putschistes. Tandis que les deux parties doivent se rencontrer
une nouvelle fois au Costa Rica, sous la médiation du président
Oscar Arias, le président Manuel Zelaya a tapé du poing sur la
table. « Nous lançons un ultimatum au régime issu du coup
d’État, a-t-il averti. Si au plus tard à la prochaine réunion
(…) ils n’ont pas appliqué les résolutions, alors
je considérerai cette médiation comme un échec. »
Les Nations unies et l’Organisation des États américains
ont très clairement exigé de Roberto Micheletti qu' il restitue
le pouvoir au président démocratiquement élu. À
leurs yeux, il est le seul habilité à diriger le pays.
Cathy Ceïbe
http://www.humanite.fr/2009-07-15_International_Honduras-deux-militants-de-gauche-assassines
le 15 juillet 2009
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