Honduras : deux militants de gauche assassinés

Tegucigalpa . Tandis que le premier round de dialogue entre le président Zelaya et les putschistes s’est soldé par un échec, les opposants sont réprimés.

Médias contrôlés, journalistes « trop curieux » expulsés, opposants sous haute surveillance… Dix-sept jours après le coup d’État contre le président Manuel Zelaya, le Honduras est plongé en eaux troubles. Le gouvernement putschiste de Roberto Micheletti a certes officiellement levé, dimanche, le couvre-feu décrété dans la foulée du coup de force. Prétextant que « leurs objectifs » étaient « atteints », sans autre précision, pour justifier leur geste, les autorités de facto cherchent surtout à montrer patte blanche face au concert de condamnations qui les accable.

journalistes contraints de quitter le pays

Quoi qu' il en soit, la situation n’est pas de nature à rassurer. Samedi, deux militants du parti Unification démocratique (UD), la seule formation de gauche hondurienne, ont été assassinés dans le nord et l’ouest du pays. Responsable de l’ancien syndicat des travailleurs du textile, Roger Bados, qui était également membre du Bloque Popular, coalition regroupant près de 30 organisations sociales, a été tué à son domicile. Ramon Garcia, qui participait activement aux manifestations contre le coup d’État, a été exécuté par un groupe d’inconnus. « J’appelle à dénoncer le fait que mon nom figure sur la liste des personnes à arrêter par l’armée et que des ordres ont été donnés pour m’abattre si je résiste », a pour sa part dénoncé le docteur Luther Castillo, directeur d’un hôpital du nord-est du pays construit par le gouvernement de Manuel Zelaya, avec l’aide de Cuba, dans le cadre des partenariats de coopération. Depuis le coup de force du 28 juin, il coordonne les mouvements sociaux de résistance. Ces deux assassinats ciblés et autres avertissements dissuasifs sont difficilement imputables à la pure coïncidence. D’autant que les opposants ne sont pas les seuls visés. Les équipes de Telesur (chaîne câblée latino-américaine) et de la chaîne publique vénézuélienne, Venezolana de Television (VTV), ont été contraintes de quitter le pays après avoir été une nouvelle fois arrêtées « par des membres de la force publique (…) fortement armés qui portaient des passe-montagnes et menaçaient leur vie », a rapporté le président de Telesur, Andrés Izarra. Il va sans dire que ces équipes prenaient le parfait contre-pied de la version officielle des événements. Trop subversifs au goût des autorités de facto, qui contrôlent également les médias. Un responsable du gouvernement putschiste a déclaré à l’AFP que les équipes vénézuéliennes auraient fait l’objet d’un simple contrôle de routine des services de l’immigration ! Ce que conteste la commission interaméricaine des droits de l’homme, qui précise : « Ces faits (se sont produits) dans un contexte de graves violations de la liberté d’expression. »

En dépit des menaces, une nouvelle manifestation contre le coup d’État devait se dérouler hier à Tegucigalpa, la capitale. Le Front national de résistance, réuni lundi en assemblée plénière, a appelé à intensifier les actions en faveur du retour à la démocratie. Façon de maintenir la pression après un premier round de dialogue infructueux entre le gouvernement légitime et les putschistes. Tandis que les deux parties doivent se rencontrer une nouvelle fois au Costa Rica, sous la médiation du président Oscar Arias, le président Manuel Zelaya a tapé du poing sur la table. « Nous lançons un ultimatum au régime issu du coup d’État, a-t-il averti. Si au plus tard à la prochaine réunion (…) ils n’ont pas appliqué les résolutions, alors je considérerai cette médiation comme un échec. » Les Nations unies et l’Organisation des États américains ont très clairement exigé de Roberto Micheletti qu' il restitue le pouvoir au président démocratiquement élu. À leurs yeux, il est le seul habilité à diriger le pays.

Cathy Ceïbe

http://www.humanite.fr/2009-07-15_International_Honduras-deux-militants-de-gauche-assassines le 15 juillet 2009

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