CONTRE LA GUERRE, COMPRENDRE ET AGIR
Bulletin n° 209– semaine 26 – 2009
NEGROPONTE A ENCORE FRAPPE
JOHN NEGROPONTE est un diplomate US connu. Il a effectué
une carrière brillante que l’a conduit aux postes les plus élevés.
S’il n’occupe plus de poste officiel depuis l’arrivée
au pouvoir de l’administration OBAMA, il a été au sommet
de sa puissance pendant les deux mandats de BUSH II qui a fait de lui successivement :
- Le représentant US à l’ONU en 2001 chargé de manipuler
l’institution pour lui faire accepter l’invasion de l’Irak
en utilisant les écoutes téléphoniques, le vol et le charcutage
de documents en particulier les rapports d’inspection des installations
nucléaires de l’
- Irak Le second ambassadeur US dans l’Irak
occupé à la tête de la plus grosse « ambassade »
du monde, en fait le quartier général de l’armée
d’occupation et des bandes de mercenaires annexes.
-
Le premier directeur national du renseignement poste créé spécialement
pour lui par BUSH pour chapeauter toutes les institutions étasuniennes
du renseignement et de l’espionnage pour pouvoir à l’occasion
interdire la diffusion de vraies nouvelles par la CIA – un service de
renseignement est conçu pour fournir des données exactes à
son gouvernement - et leur substituer des mensonges d’Etat
- pour finir au poste de vice- ministre des Affaires Etrangères (Département
d’Etat) comme second de CO NDOLEEZA RICE
Mais ce reaganien pur jus, fils d’un riche armateur
grec et apparenté par sa femme à la famille royale d’Angleterre
s’était fait connaitre comme diplomate meurtrier, adepte de la politique
du « gros bâton » appliquée par les USA en
Amérique latine depuis deux siècles lorsqu' il a occupé
de 1981 à 1985 le poste d’ambassadeur des Etats-Unis au Honduras.
C’est depuis Tegucigalpa, la capitale de ce petit pays, où le pouvoir
était occupé par une dictature militaire mise en place par les Etats-Unis
qu' il a organisé la contre-révolution au Nicaragua voisin
qui devait aboutir à la chute du régime sandiniste à Managua.
C’est là également qu' il a mis au point l’IRANGATE
opération secrète consistant à fournir clandestinement des
armes à l’Iran pour que la République Islamique, ennemi officiel
des Etats-Unis , ne perde pas la guerre contre l’Irak, soutenu lui officiellement
, et à armer avec l’argent touché des iraniens –hors
budget officiel bien entendu - les contre révolutionnaires (CONTRAS) nicaraguayens
formés, entraines et stationnés entre deux expéditions sanglantes
sur le territoire hondurien où ils sévissaient également.
Autant dire qu' il a laissé un très mauvais souvenir dans la
région et la condamnation des Etats-Unis en 1986 par la Cour Internationale
de Justice de La Haye pour violation du territoire nicaraguayen concernait directement
les activités de JOHN NEGROPONTE. On sait que les Etats-Unis n’ont
jamais payé l’amende de 17 millions de dollars qui leur avait été
infligée par la CIJ.
Pour la mise au point de l’IRANGATE, NEGROPONTE a négocié
secrètement avec le premier ministre iranien de l’époque,
un certain MOUSSAVI candidat malheureux aux élections présidentielles
iraniennes dont il a été beaucoup parlé ces dernières
semaines
JOHN NEGROPONTE a effectué l’an dernier en Juin un voyage officiel
sur les lieux de ses crimes et a rendu visite aux dirigeants du Salvador, du Guatemala
et du Honduras. Il n’a pas été accueilli au Nicaragua où
il est persona non grata depuis le retour au pouvoir du leader sandiniste DANIEL
ORTEGA.
Le motif officiel de la visite était la lutte contre la drogue, laquelle
on le sait est le nouveau « faux nez » des ingérences
étasuniennes en Amérique Centrale et fait écho aux plans
« Colombia » et « Merida » mis en
œuvre en Colombie et au Mexique.
NEGROPONTE et le Président Hondurien ZELAYA se sont alors rencontrés
mais ce dernier a refusé au dernier moment de tenir une conférence
de presse commune et a fait ses propres commentaires sur la visite de l’ancien
ambassadeur :
« Ce pays n’est plus celui des
années 80 car aujourd’hui nous avons appris une nouvelle tolérance
à une ouverture du système démocratique. »
Dans cette phrase ZELAYA homme politique conservateur annonçait
un tournant à gauche de sa politique qui allait se concrétiser par
une alliance avec le seul parti de gauche organisé au Honduras le parti
de l’unification démocratique.
(Il a été annoncé que CESAR HAM, leader de ce parti aurait
été assassiné par les putschistes le lendemain de l’éviction
de ZELAYA, mais aux dernières nouvelles il semblerait que lui et les autres
responsables et élus de ce parti se soient cachés pour échapper
aux tueurs.)
ZELAYA déclarait également à l’attention de NEGROPONTE :
« Cette Amérique Centrale que vous visitez
n’est pas la même que celle du temps de la guerre froide, quand des
troupes étaient entrainées pour violer les droits du peuple au nom
d’une idéologie » et il ajoutait
« Aujourd’hui nous mettons l’accent
sur la paix et la démocratie et plus du tout sur le business lié
à la doctrine sécuritaire » Ayant
ainsi très officiellement et très explicitement desserré
le carcan idéologique impérialiste, ZELAYA allait continuer sur
le chemin d’une indépendance politique accrue par rapport à
Washington. Il y était encouragé par un environnement régional
favorable marqué par : le processus bolivarien en cours, l’arrivée
au pouvoir des anciens guérilleros du FMLN au Salvador venant après
celle des sandinistes au Nicaragua, le développement de l’ALBA, la
critique du boycott de Cuba par l’OEA …
C’en était trop pour l’appareil terroriste clandestin des Etats-Unis
et NEGROPONTE ne pouvait que rêver de vengeance.
Aujourd’hui NEGROPONTE n’occupe plus de fonctions
officielles Il se contente de faire des cours à l’Université
de Yale dont il est diplômé (comme GEORGES W. BUSH et JOHN KERRY).
Il fait également des conférences et au cours de l’une d’elles
il a récemment déclaré que la politique étrangère
de l’administration OBAMA lui convenait.
Le putsch hondurien vient donc éclairer très précisément
les rapports de force et de pouvoir au sein de la classe dirigeante US.
Les républicains néoconservateurs se sont organisés pour
contraindre l’équipe OBAMA à exécuter leur politique
extérieure. Pour le contraindre ils utilisent la tactique du bon flic et
du mauvais flic.
DICK CHENEY, le mauvais flic, cogne médiatiquement sur OBAMA comme une
brute tandis que le bon flic NEGROPONTE trouve lui sa politique étrangère
satisfaisante mais tient en même temps dans sa main tous les fils des évènements
extérieurs récents (services de renseignement dont il a été
le maitre pendant deux ans , anciens élèves de l’ECOLE DES
AMERIQUES, dirigeants iraniens corrompus …) qui font partie de la contre-révolution
qu' ils ont programmée et que BARACK JANUS OBAMA, l’homme qui
parle toujours deux langages doit « couvrir ».
JANUS OBAMA a été choisi par la grande bourgeoisie US pour tenir
un discours moins primaire (et volontairement ambigu) sur une politique de domination
mondiale qui n’a pas changé mais qui prend des formes de plus en
plus caricaturales – le putsch hondurien est la réédition
pitoyable d’un scénario déjà joué des dizaines
de fois - et qui, heureusement, rencontre des oppositions internationales de plus
en plus vives.
Les jours à venir le confirmeront.
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