Refus de la répression par les forces de sécurité en Équateur

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Prensa Latina
Quito le 11 octobre 2019

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Le groupe Action Juridique, dans une lettre ouverte au Gouvernement équatorien, a rejeté aujourd’hui la répression brutale et abusive par les forces de sécurité de l’État contre les personnes, les peuples et les collectivités.

'Nous exigeons de l’État équatorien et en particulier du gouvernement national qu’il cesse immédiatement toute forme de violence et d’agression contre les manifestants', souligne le texte.

Ce groupe exige également l’abrogation immédiate des décrets exécutifs qui contiennent l’état d’urgence et les lignes directrices du dénommé couvre-feu.

Action Juridique demande dans sa lettre que les organes judiciaires garantissent le droit à une procédure régulière et le droit à la défense des personnes détenues.

Il demande et exige la démission ou la destitution de la ministre du Gouvernement, Maria Paula Romo, du ministre de la Défense, Osvaldo Jarrin, du secrétaire de la présidence, Juan Sebastián Roldán, et du secrétaire à la communication, Andrés Michelena.

Ces fonctionnaires agissent avec inefficacité, sont incapables de gérer la crise avec responsabilité et ne garantissent pas à la population une communication des faits en temps voulu, véridique et transparente, affirme le groupe dans un communiqué.

De même, nous exigeons la mise en place d’une commission des victimes chargée d’enquêter et de déterminer la responsabilité des ministres, des autorités, des membres de la police nationale et des forces armées concernant les violations des droits de l’Homme commises lors de ces mobilisations, et de mettre en place des mesures adéquates de réparation intégrale, souligne le document.

Le groupement citoyen demande l’abrogation du décret 883, qui supprime notamment l’allocation aux combustibles, entre autres restrictions des droits économiques, sociaux et culturels.

Il réclame la transparence de l’accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) et demande qu’il soit soumis à une consultation populaire.

Il rejette les expressions fascistes, racistes et xénophobes répandues par plusieurs dirigeants politiques qui encrent la violence et rendent impossible le dialogue et l’édification d’une société pluraliste, diverse et démocratique.

Le groupe Action Juridique considère que ces points et d’autres sont la feuille de route minimale pour un dialogue approfondi permettant une sortie démocratique et constitutionnelle de la crise politique en Équateur.

Par ailleurs, l’ancien président de l’Équateur Rafael Correa (2007-2017) a appelé aujourd’hui, depuis la Belgique, la force publique à mettre fin à la violence contre le peuple qui se manifeste pacifiquement contre les mesures économiques impulsées par le gouvernement de Lenin Moreno.

Par une vidéo postée sur son compte Twitter, il a exhorté les policiers et les militaires à ne plus protéger « un gouvernement sur sa fin en raison de sa propre trahison, sa médiocrité, et qui devra répondre de cette répression ».

Il a affirmé que c´est le président Moreno qui a brisé la démocratie et la loi en trahissant le programme de gouvernement victorieux aux urnes.

Correa a réaffirmé que la Constitution équatorienne prévoit des élections anticipées lorsqu’il y a une crise politique comme celle que connaît le pays depuis 10 jours.

'Alors qu’attendez-vous, il n’y a plus assez de morts, peut-être n’avons-nous pas une très grave crise politique de choc interne? ', a demandé l’ancien mandataire.

Il a souligné qu’il s’agissait de la folie d’un homme attaché au pouvoir ou aux intérêts des groupes qu’il suit et a exhorté Moreno à ne plus faire de mal à « notre peuple ».

Selon Correa, le retour en arrière en Équateur est immense, mais son peuple ne se brise pas et continue à aller de l’avant sans haine, mais avec mémoire.

Depuis 10 jours, des centaines de milliers d’Équatoriens ont manifesté leur rejet d’un ensemble de mesures économiques du gouvernement de Moreno qui affectent le portefeuille et la qualité de vie d’une large majorité.

Au travers de diverses manifestations et d’une grève nationale lancée hier, les manifestants exigent l’abrogation du « paquetazo », (gros paquet: terme pour désigner les mesures antipopulaires appliquées par le gouvernement).

Parmi les dispositions adoptées, on peut citer la suppression des subventions aux carburants et la réduction des droits du travail (réductions de salaire et congés dans le secteur public).

D’autres encore, comme la réduction des droits de douane, la suppression de l’avance sur l’impôt sur le revenu, la réduction de l’impôt sur les sorties de devises, qui profitent aux classes aisées du pays sud-américain.

« Stop au FMI », c’est une autre des revendications dans les mobilisations des organisations autochtones, des travailleurs, des étudiants, des universitaires, des femmes, des jeunes, et un large éventail de secteurs sociaux, contre ce qu’ils considèrent comme les recettes du Fonds Monétaire International (FMI).

En mars dernier, l’Équateur a signé avec le FMI un accord de 4,2 milliards de dollars, qui seront versés pendant trois ans, à condition que le Gouvernement adhère à un programme économique établi dans la convention.

Ce programme requiert un ajustement d’environ 6 pour cent du produit intérieur brut et d’autres réductions qui comprennent le licenciement des employés du secteur public, l’augmentation des impôts et la réduction des investissements publics.

D´autre part, la Confédération des Nationalités Indigènes de l’Équateur (Conaie) a aujourd’hui rejeté être responsable de l’agression commise contre un journaliste, après avoir couvert une concentration de l’entité au sein de la Casa de la Cultura (CCE) à Quito.

Le communicateur, identifié sous le nom de Freddy Paredes, travailleur de la chaîne Teleamazonas, a été agressé notamment par jet de pierres à la tête, lorsqu’il a quitté l’Agora de la CCE, et alors qu’il était protégé par des membres de la Conaie.

La Confédération a condamné ce fait par un document publié sur son compte du réseau social Twitter.

Nous rejetons l’agression contre le journaliste Freddy Paredes et clarifions que cela s’est produit à l’extérieur de l’Agora, plus particulièrement sur l’avenue Leonidas Plaza Gutiérrez, après avoir été protégé par la garde indigène pour préserver son intégrité physique et assurer sa sortie, précise le communiqué.

Il y est également averti que, pour des raisons de sécurité, il avait été décidé de restreindre l’accès aux locaux de l’institution, ainsi que les départs. La Conaie y organisait hier une assemblée et des cérémonies religieuses pour dire au revoir à un dirigeant autochtone de la province de Cotopaxi, « mort victime de la répression policière pour avoir participé à la grève nationale ».

Selon la Conaie, la décision a été prise après avoir constaté que des groupes provocateurs incitaient à la violence.

À l’heure actuelle, le mouvement autochtone demande que soit respecté le droit de la citoyenneté à l’information, avec la possibilité pour les journalistes de faire leur travail.

Toutefois, il a insisté sur le fait qu’il existait de nombreux provocateurs et a confirmé que ces faits et d’autres actes de violence enregistrés ne sont pas motivés par les bases de la Conaie.

L’agression contre Paredes, qui a été transféré dans un centre de santé où il est toujours sous surveillance médicale, a été largement critiquée sur les réseaux sociaux, à travers des messages condamnant l’acte et manifestant solidarité avec le communicateur.

Selon des sources s’occupant des droits de l’Homme, au moins 31 journalistes ont été agressés et des images d’actes de répression visant des travailleurs de la communication circulent sur les réseaux sociaux.

Il y a quelques jours, l’Union nationale des journalistes de l’Équateur a dénoncé des agressions physiques et verbales de la part des forces de sécurité contre des professionnels des médias qui couvrent les journées de protestation.

Source :prensa latina

 

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