La base de Manta
est redevenue équatorienne
Joaquín
Rivery Tur
Le drapeau équatorien flotte de nouveau en toute liberté
sur la base de Manta, une base installée sur la côte de l’Océan
Pacifique. Auparavant, on avait prétendu qu' elle servait uniquement
à lutter contre le trafic de drogues, mais, pour les habitants de la
zone, elle était plus tristement connue en raison des excès commis
par les troupes nord-américaines.
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Le drapeau des États-Unis n’y
flotte plus et maintenant, l’indépendance et la souveraineté
du pays s’étendent sur tout le territoire national. L’accord
signé et appliqué illégalement par Jamil Mahuad a
pris fin. On se rappellera de lui comme du président qui a cédé
un morceau du territoire national à l’empire du Nord. Aujourd’hui,
les phrases prononcées par le Chancelier Fander Falconi lors de
l’acte de récupération définitive de la base
résonnent de toute leur force : « Plus jamais de bases étrangères
sur le sol équatorien. Plus jamais nous ne vendrons notre drapeau
».
Le continent entier se félicite du départ
des troupes étrangères de la base de Manta. L’Amérique
Latine ne veut plus d’une présence étrangère
incontrôlable. Cependant, poussé par son désir de
domination du continent tout entier, Washington a demandé aux colombiens
de prendre la relève. C’est la raison pour laquelle tous
les pays de la région exigent du gouvernement d’Alvaro Uribe
une totale transparence sur les termes du traité qui cède
sept bases militaires colombiennes au Pentagone pour « lutter contre
le trafic de drogues ».
Une grande coïncidence : le journal équatorien
El Comercio a révélé les résultats d’une
enquête de la Commission des Affaires Étrangères de
la Commission Législative, aujourd’hui dissoute, et qui avait
remplacé le Parlement. L’enquête avait porté
sur la base de Manta. Elle avait démontré qu' en 10
ans d’occupation de la base par le Comando Sur, aucune opération
aérienne contre des avions chargés de drogues n’avait
été enregistrée.
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On est donc en droit de se demander si les bases concédées
par le gouvernement colombien vont avoir les mêmes usages et les mêmes
résultats.
Sur le sol des États-Unis, seuls les petits trafiquants
sont poursuivis et la fameuse Drug Enforcement Agency (la DEA) s’est vue
mêlée en de nombreuses occasions à des affaires de trafics
de stupéfiants. Il est donc permis de supposer que ce n’est pas
la persécution des trafiquants de drogues, le véritable objectif
des bases, mais qu' elles constituent plutôt des positions avancées
pour pouvoir se livrer, avec les moyens les plus sophistiqués, à
l’espionnage électronique et pour servir éventuellement
de point de départ à des interventions militaires dans des pays
d’Amérique Latine ou de la zone des Caraïbes.
Un bruit court selon lequel il serait possible que les avions
transportent des drogues vers les États-Unis. Ce ne serait pas la première
fois.
La pression des pays de l’Amérique du Sud autres
que la Colombie pèse actuellement sur la Maison Blanche et le Pentagone
car aucun de ces pays n’accepte la présence de forces étrangères
dans la région. Par exemple, le Paraguay vient d’annuler des opérations
militaires conjointes avec les États-Unis : par les temps qui courent,
il ne vaut mieux éviter d’avoir des effectifs nord-américains
en train de jouer à la guerre sur son propre sol.
Le coup d’État perpétré au Honduras
a compliqué le jeu pour les États-Unis, en raison des preuves
qui ont été apportées sur le rôle joué par
sa base de Palmerola dans ces faits. Tout le monde est maintenant conscient
de la menace que constitue ce genre d’installation sur le territoire d’un
pays.
Mais il existe actuellement un nouveau danger pour l’Amérique
Latine, celui du développement d’un capitalisme de guerre, avec
la naissance de nouvelles entreprises qui embauchent des mercenaires pour dissimuler
la présence de troupes officielles.
Par exemple, les familles les plus riches du Honduras ont déjà
annoncé qu' elles ont embauché d’anciens membres de
la contra nicaraguayenne pour protéger leurs propriétés,
car elles se préoccupent de l’esprit de rébellion et de
résistance qui parcourt le pays, fomenté par l’indignation
qu' a causé le coup d’État.
On comprend donc très bien la joie des équatoriens
qui se voient libérés de toute présence étrangère
sur leur sol, et leur détermination, exprimée par la voix du Chancelier
Falconi : « Plus jamais de bases étrangères sur le sol équatorien.
Plus jamais nous ne vendrons notre drapeau ».
Source : http://www.comite-valmy.org/spip.php?breve141
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