Victoire historique en Bolivie

La Paz . Le « oui » à la nouvelle Constitution est arrivé largement en tête dimanche. Evo Morales conforté.

C’est une première qui fera date dans l’histoire de la Bolivie. Plus de trois millions d’électeurs (sur un recensement de 3,8) se sont prononcés, dimanche, en faveur du nouveau texte fondateur. Le « oui » l’a emporté haut la main avec plus de 61,96 % des suffrages, contre 36,52 %, selon les résultats disponibles à l’heure où nous rédigions ces lignes. À La Paz, sur la place Morillo - le coeur du pouvoir politique, hier encore interdit aux Indiens -, le président Evo Morales a annoncé, devant des milliers de partisans, qu' « aujourd’hui une nouvelle Bolivie se refonde ». « Le secteur le plus exclu, marginalisé et humilié durant la République est désormais reconnu comme peuple ayant les mêmes droits que n’importe quel autre citoyen », a-t-il déclaré, en soulignant qu' il s’agissait aussi d’une « victoire sur les néolibéraux » et autres « bradeurs de la patrie ».

Adoptée confortablement, cette Constitution, pierre angulaire du programme du gouvernement du Mouvement vers le socialisme (MAS), devrait mettre fin à un système d’apartheid ethnique et social hérité du colonialisme, qui excluait jusqu' à présent l’immense majorité des Boliviens au profit d’une élite blanche et métisse. Selon la charte, l’usufruit du patrimoine national, notamment des terres, qui était soumis à consultation devrait être l’objet d’une répartition équitable (voir ci-dessous).

Mais en dépit d’une victoire à même de conforter les réformes d’Evo Morales, la crise de ces dernières années n’est pas encore enterrée. D’abord parce que nombre d’articles de la Constitution appellent à légiférer dans différents domaines. Or, faute de majorité au Sénat, il y a fort à parier que le MAS devra essuyer l’obstruction systématique des formations de droite et des préfets à l’origine des opérations sécessionnistes. D’ailleurs, bien que le « oui » soit arrivé en tête dans six départements (sur neuf), les préfets de l’Est bolivien, berceau des richesses naturelles du pays, ont interprété leurs victoires à Santa Cruz et à Beni y Chuquisaca comme un quitus, Branko Marinkovic, le président du comité civique du Santa Cruz, véritable brigade de choc oligarque, allant même jusqu' à réclamer un « pacte d’unité » pour préserver leur « autonomie » pourtant illégale.

« Je crois que nous avons la force sociale suffisante et la volonté politique pour surmonter, à travers des mécanismes démocratiques, les difficultés qui pourront surgir », a indiqué à la BBC le vice-président socialiste Alvaro Garcia Linera.

Le prochain test est prévu le 6 décembre prochain, lors des élections présidentielle et législatives. En dépit des coups de force de l’opposition, depuis 2006, date de l’élection d’Evo Morales, toutes les consultations populaires ont plébiscité le MAS.

Cathy Ceïbe

http://www.humanite.fr/2009-01-27_International_Victoire-historique-en-Bolivie

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