Argentine : Macri ya fue (Macri n’est déjà plus là) ...
le clair rejet populaire des politiques néolibérales de Macri...

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JoËl Perichaud, secrétaire national du Parti de la démondialisation chargé des relations internationales
Le 26 août 2019

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Les élections primaires du 11 août « Primaires Ouvertes Simultanées et Obligatoires » (Élections primaires où chaque alliance électorale ou parti politique détermine les candidats aux fonctions de députés et de sénateurs, qui se présenteront deux mois plus tard aux élections législatives) permettent d’évaluer les rapports de force politique dans le pays. Le score est sans appel : le Frente de Todos * a obtenu 47,65% des voix, alors que Cambiemos, le parti de Macri, a tout juste dépassé 32%. L‘écart de 15 % représente environ quatre millions de voix (sur 34 millions d’électeurs). Avec un taux de participation de 75,8% ((malgré le vote obligatoire), similaire à celui des primaires de 2015 et un taux de 4% de votes nuls et blancs, l’élection donne un avantage difficilement rattrapable par Macri pour les élections du 27 octobre prochain (présidentielle, législatives et sénatoriales) présageant le retour d’un gouvernement plus social en Argentine.

Le Frente de Todos a gagné les gouvernements dans 22 des 23 provinces, à l’exception de Cordoba et de la ville autonome de Buenos Aires, où le large avantage de Macri, lors des élections précédentes, a été considérablement réduit. La victoire est définitive dans la province de Buenos Aires dont le poids électoral représente 37% du total.

Le résultat a, bien sûr, créé des tensions au sein du gouvernement et certains ministres ont présenté leur démission… Les rats quittent le navire...

Pourtant Macri et ses soutiens n’ont pas chômé : couverture médiatique maximum ; soutien des capitalistes argentins et mondiaux, soutien du FMI ; soutien de Trump, de Bolsonaro et tous les néolibéraux… Il a manqué à Macri le soutien du peuple.

Le rejet populaire des politiques néolibérales de Macri est clair : fermeture d’entreprises, chômage, augmentation de la pauvreté (35% de la population), endettement du pays, inflation supérieure à 55%. Le peuple argentin est usé : la moitié des enfants sont pauvres, les retraités ne peuvent plus se soigner ni même manger une fois par jour, la justice est manipulée, les opposants sont emprisonnés voire persécutés (licenciement de 6 000 journalistes et fermeture de médias d’opposition…).

La réaction du gouvernement Macri a été immédiate : la brutale dévaluation de la monnaie (Peso). Cette dévaluation, freinée jusqu’au 11 août pour que le gouvernement ait une bonne image (être capable de contenir le dollar) a boosté la devise américaine. Macri mise sur la pagaille économique pour deux mauvaises raisons : comme ultime moyen pour récupérer des votes et pour enrichir son clan (le patrimoine, en dollars, des riches soutiens de Cambiemos a mécaniquement augmenté)

Si les résultats des primaires se confirment, le Front de Todos l’emportera au premier tour, le 27 octobre prochain.

L’Argentine pourra alors emprunter une autre voie que le néolibéralisme de Macri. Ce sera alors une bonne nouvelle pour les Argentins et pour l’Amérique latine tout entière. Mais comme nous le savons tous, les néolibéraux sont prêts à tout ... Il est peu probable que les oligopoles argentins, en particulier celui des médias hégémoniques restent muets et inactifs et il est difficile d’envisager que le gouvernement américain, dont le secrétaire d’État Mike Pompeo est un ancien chef de la CIA, regarde impassiblement l’un de ses principaux pions de la région lui échapper et risquer d’entraîner un effet domino régional de nouveaux gouvernements moins dociles. On ne peut donc exclure des scénarii violents pour les semaines à venir… Le peuple argentin aura à déjouer bien des manœuvres et tient son avenir entre ses mains.

Note

* Frente de Todos : Coalition politique électorale créée pour les élections de 2019. C’est une large coalition articulée autour de quatre grandes influences politiques : le parti justicialiste (péroniste), le plus important en nombre d'adhérents, les secteurs péroniste et non péroniste qui composent le kirchnerisme, dirigé par l'ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner, la majorité des gouverneurs péronistes et le Front du renouveau dirigé par Sergio Massa. L’ont rejoint des secteurs détachés du « Massisme », le mouvement Evita, le projet Sud dirigé par Pino Solanas, des secteurs plus radicaux comme le Mouvement national Alfonsiniste, dirigé par le député Léopoldo Moreau et le parti de la Concertation FORJA dirigé par Gustavo López, le Parti socialiste de Buenos Aires, dirigé par Jorge Rivas, diverses tendances communistes, et d’autres encore...

Le front bénéficie également du soutien de la Confédération Générale du Travail (CGT) dirigée par Hector Daer et de la Central de Trabajadores de la Argentina.

Le tandem présidentiel proposé pour les élections d’octobre est Alberto Fernández - Cristina Fernández de Kirchner.

Source :Parti de la démondialisation

 

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