La question du tamazigh

Les luttes en Kabylie ont contraint le régime qui faisait de «l'arabité» une référence linguistique unique à accorder au tamazight, la langue maternelle de la population de la région, le statut de langue nationale. A la suite des graves événements de 2001 en Kabylie qui s'étaient soldés par la mort de plus de 140 jeunes tués par les gendarmes, le pouvoir a dû amender la Constitution. Il refuse cependant au tamazight le statut de langue officielle.

Cette revendication légitime est cependant exploitée par divers groupes pour créer des diversions par rapport aux questions économiques et sociales et diviser les travailleurs sur la base de leurs langues maternelles. En général la population de la Kabylie ne dissocie pas ses conditions de vie et ses perspectives d'avenir des luttes démocratiques et sociales à l'échelle de toute l'Algérie. Des cercles s'agitent cependant derrière une revendication d'autonomie aux contours flous. Plus dangereuses sont les intrigues incessantes de milieux liés au pouvoir qui utilisent les étroitesses des populations des autres régions pour entretenir les ferments de discorde propices à des diversions opportunes.

En 1981 une aile du pouvoir qui voulait se débarrasser de personnalités du FLN et des services de sécurité considérées comme des héritières de la ligne de Boumediene a mis le feu aux poudres en installant à la tête du FLN de Tizi Ouzou, Bourezam un responsable réactionnaire connu pour ses penchants «baathistes». Ce personnage avait été imposé en 1975 de façon antidémocratique par la droite du FLN à la tête de l'Union nationale de la Jeunesse qui venait d'être créée sous l'impulsion de Boumediene avec l'objectif de fournir les cadres et militants favorables à une transformation de «gauche» de ce parti. Bourezam avait eu pour mission de contrer l'action des communistes et des jeunes progressistes au sein de l'UNJA. Il s'était allié aux islamistes pour réaliser les desseins de l'aile droitière du FLN.

La provocation de 1981 a effectivement débouché sur l'élimination des personnalités qui ne manifestaient pas beaucoup d'enthousiasme dans le règlement par la répression des revendications exprimées par les manifestants de la Kabylie.

Les troubles qui ont éclaté en 2001 à la suite de l'assassinat d'un jeune dans un local de la gendarmerie ont été entourés de confusion.

La population a fait montre d'une grande mobilisation qui a fait reculer pour la première fois depuis l'indépendance le régime en l'obligeant à reconnaître au moins à moitié la légitimité du tamazight.

Le plus grand danger pour les masses populaires de la région et de l'ensemble du pays serait de tomber dans le piège de la déconnexion de cette revendication de leurs aspirations économiques et sociales à plus de justice dans la répartition du revenu national et à une véritable relance économique portée par des investissements productifs qui supposent la réhabilitation du secteur public.

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