Non à la criminalisation des luttes du bassin minier du sud-ouest tunisien

après l'arrestation du porte parole du mouvement le syndicaliste Adnane Hajji le 22 juin 2008, d'autres arrestations ont eu lieu hier et avant-hier à Redeyef (*). Il s'agit de Tarek Hlaïmi, syndicaliste de l'enseignement de base, de Mohamed Merzougui, diplômé chômeur, de Boubaker Ben Boubaker, membre du comité des diplômés chômeurs de Redeyef, et de Béchir Lâabidi, syndicaliste de l'enseignement de base et membre du comité chargé par la population de Redeyef de négocier avec les autorités.
Depuis le 21 juin dernier, plusieurs militants du mouvement social du bassin minier à Redeyef sont activement recherchés par la police. Ils sont poursuivis, dans le cadre de la même affaire que Adnane Hajji, pour constitution de bande de malfaiteurs, association en vue de porter atteinte à des personnes et à des biens publics et privés, rébellion et autres accusations graves passibles de lourdes peines pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison.
Le 6 juin, la police à tiré à balles réelles sur les manifestants à Redeyef, tuant Hafnaoui Maghzaoui et blessant 26 personnes. Cette date a marqué un grave tournant dans la répression de la révolte du bassin minier par le régime tunisien.
Depuis cette date, les enlèvements, les arrestations et les poursuites à l'encontre de dizaines de syndicalistes et de jeunes chômeurs, avec ou sans diplômes, se sont multipliés. Selon la section de Gafsa de la ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme, plus de 150 personnes ont été arrêtées. Elles ont toutes été victimes de torture et de mauvais traitements. La semaine dernière des dizaines de peines, jusqu'à 17 mois de prison ferme, ont été prononcées par le tribunal de première instance de Gafsa.

Par la criminalisation des luttes sociales, le régime tunisien veut faire passer les animateurs de la révolte du bassin minier pour de vulgaires voyous et les envoyer en prison pendant de longues années. Mais il cherche surtout à semer la terreur au sein de la population de la région pour qu'elle cesse de se battre pour son droit au travail et d'exiger de vivre dignement. Il vise aussi à décapiter ce mouvement social sans précédent de sa direction et de ses éléments les plus actifs durant l'été à l'abris des regards de l'opinion publique nationale et internationale.
Dimanche dernier, la police a empêché par la force la tenue de manifestations de soutien à la population du bassin minier dans différentes villes tunisiennes: Gafsa, Ksibet El Medyouni, etc. Plusieurs militants qui s'y rendaient ont été agressés et menacés.

Paris, le 2 juillet 2008

Comité de Soutien aux Habitants du Bassin Minier de Gafsa C/o FTCR, 3 rue de Nantes 75011 Paris Courriel : bassin.minier@hotmail.fr

(*)Aujourd'hui, Adel Jayar syndicaliste de l'enseignement secondaire et animateur du mouvement à Redeyef a été arrêté à son tour.

sommaire